Un peu de technique

Parmi la grande variété des armes à feu, celles qui sont le plus souvent utilisées dans la production cinématographique, font partie de la classe la plus méconnue au point de vue technique : les pistolets semi-automatiques. Les rares personnes qui en connaissent bien le fonctionnement et le contexte historique sont souvent amusées, parfois agacées, d'entendre le célèbre inspecteur Navarro confondre allègrement pistolet et revolver ; ou retrouver sous le nez d'un soldat de la guerre 14-18, un pistolet Walther P38 (1938) de la seconde guerre mondiale. Dans un temps ou chaque fraction de seconde coûte cher, l'approximation permet peut-être de gagner quelques centimes qui font la différence ? Bien entendu, pour ceux qui considèrent que tous ces objets sont à mettre dans le même sac, la différence entre un pistolet et un revolver ne porte pas vraiment à conséquence. Pourtant il en va pour les armes à feu,comme pour tous les domaines, l'ignorance est rarement bonne conseillère.

Dans cette section quelques bases techniques vont permettre une mise au point sur ce qu'est un pistolet semi-automatique et comment il fonctionne. Et pour la gouverne de l'inspecteur Navarro voici d'abord un revolver fabriqué par un armurier de Liège à la fin du siècle dernier. Le revolver comporte un barillet tournant. De face il est possible de voir l'ogive des balles à l'avant du barillet.

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Ce revolver de type "Bulldog", fabriqué fin du siècle dernier sur base d'un modèle anglais, comporte une queue de détente repliable (ne pas confondre queue de détente et gâchette comme on le fait d'habitude). Il s'agit d'une arme de poche de calibre 9 mm, prévue pour des munitions à poudre noire. Cette arme est en vente libre en Belgique. (cf. section "Législation : armes de panoplie")

Les pistolets semi-automatiques ne possèdent pas de barillet. Les munitions sont généralement entassées dans des chargeurs amovibles qui sont dans la majorité des cas glissés dans la poignée creuse de l'arme. Il est donc impossible de l'extérieur, de voir si un pistolet muni de son chargeur est effectivement chargé de munitions et encore moins de savoir si une balle est chambrée dans le canon. Il s'agit d'une différence notable par rapport au revolver qui confère au pistolet semi-automatique un caractère supplémentaire de dangerosité pour tout utilisateur non averti.

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Comme on peut le voir sur cette exemple, le pistolet Colt modèle 1908 en calibre 6,35 mm (25 ACP), bien souvent le canon du pistolet n'est pas visible. Il est caché par une pièce mobile que l'on appelle la glissière ou culasse. Pour charger l'arme il est nécessaire de tirer la glissière à fond vers l'arrière, en l'agrippant par les stries de préhension, et de la laisser ensuite revenir vers l'avant en la relâchant. En revenant rapidement à sa position initiale sous la poussée du ressort de rappel (situé sous le canon dans le cas ci-dessus), la glissière pousse une nouvelle cartouche dans la chambre du canon. L'arme est alors prête à tirer. Ensuite, à chaque coup de feu, le mouvement de recul de la glissière est provoqué par la pression des gaz. Le rechargement se fait donc automatiquement. Le terme "semi-automatique" est utilisé pour les armes tirant au coup par coup (à l'inverse d'une mitraillette qui tire en mode automatique ou "Full auto"). Cependant, d'une manière générale, les pistolets semi-automatiques sont aussi appelés automatiques. Ce dernier terme est d'ailleurs le plus usité.

Si on arrive à faire abstraction de la charge émotionnelle que suscite toujours les armes à feu, pour se pencher sur l'aspect purement mécanique, on ne peut qu'être admiratif sur le déploiement d'ingéniosité mis en œuvre pour qu'en un espace si restreint puissent intervenir des forces aussi importantes, sans que les conséquences ne soient irrémédiables pour l'arme ou le tireur. Il y a fort à parier que toutes les recherches qui ont conduit à ce petit exploit, comme notamment la sélection des différents aciers, ont largement profité à tous les autres segments de l'industrie mécanique du début du 20ème siècle.

Pour revenir aux pistolets semi-automatiques, les principes mécaniques mis en œuvre sont très variés et d'autant plus sophistiqués que la puissance de la munition augmente. Si les contraintes de résistance sont relativement minimes dans le cas d'un calibre 6,35 mm, dès que l'on approche les 9 mm il n'est pratiquement plus possible d'opposer à la pression des gaz la simple masse inertielle de la culasse mobile. C'est à ce carrefour de puissance que tous les inventeurs doués ont proposé des solutions originales qui caractérisent leur génie. Toute personne initiée reconnaît instantanément une arme de type Browning ou Walther simplement par quelques éléments techniques rappelant des options mises en œuvre par ces deux inventeurs.

Parmi ces options une des plus originales est sans conteste le système à genouillère initié par Hugo Borchardt et peaufiné par Georg Luger. Le pistolet Luger, créé aux alentours de 1898, est resté une arme de service en Allemagne jusqu'en 1945, et en Suisse beaucoup plus tard encore.

Quand une munition dégage une pression de l'ordre d'une tonne au centimètre carré (et ce dans tous les sens - vers l'avant contre la base du projectile et vers l'arrière contre la face de la culasse et contre la paroi interne du canon), il faut comprendre que la culasse mobile devient un second projectile dirigé vers la face du tireur. Pour résoudre ce problème il n'y a qu'une seule solution : rendre la culasse mécaniquement solidaire du canon pendant un temps suffisamment long qui permette à la balle de sortir du canon. A partir de cet instant la pression devient nulle puisque la bouche du canon est ouverte.

Dans le pistolet Luger le verrouillage de la culasse est garanti par un mécanisme dit "à genouillère". Le canon est vissé dans une extension en forme de long U. A l'intérieur de cette extension coulisse la culasse mobile attachée au bras avant de la genouillère. Le bras arrière étant solidaire de l'extension grâce à une grosse goupille transversale. Donc seul le bloc culasse a le loisir de se déplacer à l'intérieur de l'extension dans les limites de la "pliure" de la genouillère.

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En position de culasse fermée, c'est-à-dire avec les deux bras de la genouillère dans le prolongement l'un de l'autre, l'ensemble "canon-extension-culasse-genouillère" forme un tout fermé (verrouillé). Cet état subsiste tant que le centre de l'axe central de la genouillère reste en-dessous du centre des axes avant (relié à la culasse mobile) et arrière (relié à l'extension du canon). Comme décrit ci-dessous.

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Au moment du tir, la pression s'exerçant dans tous les sens, l'ensemble verrouillé se déplace vers l'arrière. Le temps imparti à ce déplacement permet à la balle de quitter le canon. La pression des gaz devient nulle. Évidemment, les pièces en mouvement conservent une grande force inertielle. Après un trajet de quelques 6 mm, les "boutons" de la genouillère entrent en contact avec un profil en rampe montante (flèche verte), correspondant à la partie supérieure de la carcasse de l'arme.

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Progressivement, les boutons gravissant la pente, le centre de l'axe central se déplace vers le haut, pour finalement arriver à un point (au-dessus des deux axes externes), où la genouillère est obligée de se plier, attirant la culasse vers l'arrière. L'extraction de l'étui a lieu pendant ce mouvement d'ouverture de la culasse.

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Finalement, la genouillère atteignant son maximum de flexion, son ressort de rappel compressé, lui impose un mouvement de retour, qui va ramener le bloc culasse vers l'avant, en position de fermeture. C'est dans ce mouvement vers l'avant que la tête du bloc culasse pousse une nouvelle cartouche dans la chambre du canon.

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Tout ce mécanisme compliqué avait donc pour seul but de maîtriser la forte pression de la cartouche 9 mm Parabellum. Le pistolet Luger possède ce système, mais le Colt .45 en possède un autre, de même que le Walther P38, ou le Roth Steyr 1907. L'objectif est cependant toujours le même : verrouiller la culasse au canon pendant un court instant, pour permettre à la balle de quitter le canon, avant que ne s'opère l'ouverture.

Il y aurait encore beaucoup à dire sur le fonctionnement mécanique du Luger, mais tout cela  et beaucoup d'autres éléments de type historique, se trouvent dans le livre très complet qui lui est consacré : "La connaissance du Luger". Les quelques dessins présentés ci-dessus, ne sont qu'une infime partie du contenu du livre.


 

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